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Bonjour Betino, tu peux nous présenter ton parcours et l’histoire du magasin ?
J’ai ouvert le magasin en mars 1999. Ca
fait bientôt 13 ans. J’ai ouvert la boutique, pas par hasard car j’avais bossé
déjà 12 ans dans la distribution,
l’export, et en magasin de disque.
J’ai commencé en 1987 chez Radio Pygmalion,
le magasin en face et concurrent de la fnac forum (juste en face). Ils vendaient 50 centime moins cher. J’étais
un passionné et acheteur de disques au quotidien. Je passais mes journées
d’étudiant à faire les magasins d’occases et
de nouveautés. J’achetais plein
de news, funk & disco. J’ai eu la chance de suivre des nouveaux mouvement comme le hip hop dès début 1980, l’ electro,
le funk, electro funk puis la house. Puis la fin du hip hop old school, début new school avec
RUN DMC.
J’ai attaqué dans une boutique en 1987,
donc j’ai découvert plein de truc, ça
m’a permis d’élargir ma culture. Toutes les musiques sauf le classique. Plutôt
musique black mais je faisais aussi du rock et de la new wave.
J’ai bossé un an et demi puis je suis parti
faire de l’import de nouveauté et j’ai
rencontré KARAMEL. C’est devenu des potes
et ils m’ont proposé de venir bosser
avec eux. J’ai bossé 10 ans chez eux. On a tout fait, de la distrib, de l’import - export, des réeditions, des compiles…
C’était le début acid jazz : DJ cam ,
mighty bob, big cheese, pure les debuts de la scène française, les débuts de yellow.
En France et à l’étranger.
On a ouvert un magasin de disque, qui a eu du
mal au début puis je m’en suis occupé pendant 2 ans avant la fermeture. A la
fin du bail, j’avais pas mal de clients donc je me suis dit que c’était bien de
continuer avec une autre boutique. Ce n’était pas aventureux, j’avais de l’expérience,
un stock de disques, des relations avec des distributeurs partout dans le
monde, dans le milieu. Je n’ai pas monté mon magasin à l’aveugle.
- Du coup c’était un rêve ?
Non pas au départ, je n’y pensais pas au
début mon but c’était de continuer à bosser avec Karamel , dans la musique.
Vendre des disques c’est ce qui te fait te lever le matin?
Oui j’adore. Je rentre au magasin avec le
sourire, c’est ma 2eme maison. Mon psychologue, ma manière de me sentir bien. Après
ma famille, il y a ma boutique. J’arrive j’ai le sourire, je suis content d’être
là, de discuter avec les gens, de vendre des disques. Même si c’est stressant car lié à un chiffre
d’affaire mais je suis content de ne pas
bosser que par rapport à ça.
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Tu vois une évolution depuis l’ouverture ?
Oui , j’ai progressé en terme de CA. En 10
ans, les ¾ de la clientèle a changé. Tu ne peux pas compter sur les mêmes
clients en long terme. Ils se marient, arrêtent d’acheter des disques. Je
vendais toujours de tout mais il faut évoluer avec la musique. S’adapter et ne
pas se perdre dans des musiques que tu ne comprends pas. Je ne fais pas de hard
rock car je ne m’y retrouve pas. En Drum & bass et en broken beat, j’étais
au top, j’ai senti que ça allait baisser et évoluer. Il faut suivre les chemins.
J’ai toujours suivis les nouveautés depuis le hip hop ou la house. L’intérêt
c’est de toujours être dans le truc, j’ai besoin de ça. Mais quand tu vois
qu’un style s’enlise il faut passer à autre chose. J’ai arrêté des styles comme
le R’n’B ça ne me plaisait plus, c’était moins intéressant c’était plus pour
moi. Le hip hop fin 90, il a fallut choisir, je suis partis sur l’underground,
le hip hop jazz et pas le commercial.
Ce sont mes gouts perso et le feeling des
gens qui me parlent de la musique. Je
suis à l’écoute des gens, des news, des styles.
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Par rapport à la crise du disque et l’avènement du mP3, tu as vu des changements ?
Oui, ça a
changé. Le 1er gros coup l' qu’on a subit, il fallait réagir :
le 11 septembre, date très importante pour le son à NYC. NY s’est arrêté de
vivre pendant plusieurs mois et c’était la source de toute la house, deep
house, plein de label, distributeurs, clubs ont fermés. Il y a eu une chute, je
bossais beaucoup avec eux. Moins de production , moins de qualité, il a fallut
passer à autre chose. 2ème coup / 2006 : développement du téléchargement.
Ca a commencé à faire chuter le CD et le vinyle pour les DJs. Je n’étais pas
trop touché car je n’étais pas trop sur la dance et le hip hop. Sur des gros
volumes car j’avais déjà changé au début 2000. Heureusement que j’avais gardé
une sélection de niche qui n’était pas téléchargeable. Ca s’est senti au niveau
des maxis. Avec serato et tractor pas mal de Djs ont arrêté les maxis vinyle.
Je me suis rendu compte qu’il fallait développer d’autres choses, dans le hip
hop, dans les compiles, les rééditions. Acheter du son ancien différent. C’est
un petit magasin donc tu peux modifier ton système sans perturber les gens.
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Tu te reconnais dans le mouvement DIGGING?
Je ne diggais pas trop, dans certains
magasins d’occase mais je cherchais aussi des nouveautés. Je n’ai jamais été
que dans le vieux , que dans l’illustration sonore ou du 45 tours. Je suis
resté loin de ca et j’ai gardé du recule qu’il faut avoir en tant que
disquaire. Quand tu as un magasin qui te prend toutes tes journées, tu ne peux
pas tous les samedis et les dimanches te lever à 5h du matin pour aller
chercher des disques. Je le faisais de temps en temps avant la boutique pour le
plaisir, pas pour chercher la perle rare mais juste pour le plaisir. Je n’ai
pas ce coté obsessionnel qu’ont d’autres, sans aucune critique, mais plus une philosophie. Je dig quand je
vais à NY , à londres, à tokyo. J’adore. On part 3 jours dans le New jersey en
voiture. On fait tous les disquaires. Je l’ai fait plein de fois mais depuis
2006 il y a une grosse chute.
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Comment tu vois l’avenir ?
Pas forcement en rose mais ceux qui vont
tenir sont ceux qui savent gérer leur société, s’occuper correctement de leurs
clients. Ceux qui arrivent à s’adapter aux nouveaux marchés, séduire une
nouvelle clientèle : 14-19 ans qui achète du hip hop, du jazz, du rock, de
l’afro. Pas beaucoup de budget, ne cherchant pas d’originaux mais des réeditions,
des seconds pressages. Contrairement aux idées reçues les jeunes s’intéressent
aux vinyles, mais avec un budget plus limité. Car beaucoup de sollicitation (téléphone,
baskets, ). Il y a 30 ans, tu avais moins de sollicitations donc tu passais
tout dans les disques.
Dans les années 80, c’était le disque avant tout,
avant les filles et autres, tout pour la
musique. L’Objet obsessionnel du collectionneur. Je n’étais pas là dedans, aujourd’hui,
les jeunes ont plus de recule.
Vinyle, CD ou mp3 ?
Je ne suis contre rien, je suis pour tout. Peu
importe. L’important c’est d’aimer la musique. Mon plaisir N°1 c’est le vinyle,
moins le cd. Mais j’encode mes vinyles et on les écoute sur l’ordi. On se fait
des compiles. Je suis content d’avoir le vinyle même si je suis plus sélectif.
J’adore la musique, je veux qu’elle me fasse du bien pas qu’elle m’enquiquine.
J’ai la passion de la musique mais aussi des gens.
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Un disquaire c’est juste des disques ou il y a une dimension plus
large ?
Oui c’est venir boire un verre, un café,
discuter de la pluie du beau temps, rigoler parler musique. Il y a un temps pour
tout. Certains viennent que pour la musique, je respecte, y ‘a pas de soucis.
Mais tout le monde est diffèrent. C’est un endroit public où les gens viennent s’exprimer mais aussi
acheter des disques. Tout le monde est diffèrent. La dimension humaine est importante autant
que la musique Je ne travaille pas uniquement comme un marchand de disque mais
comme un lieu de rencontre. On découvre une nouveauté, on va en parler, la
faire partager. J’ai eu une période où tout les mardi j’avais les news, il y
avait la queue devant le magasin. C’était important pour le business, mais ça
m’angoissait car c’était la guerre pour avoir les disques. Ce que je ne voulais
pas. Les gens ont changé, c’est plus cool, moins de compétition entre DJs ce
qui n’est pas pour me déplaire.
BETINO, 32 RUE SAINT SEBASTIEN 75011 PARIS www.betinos.com
ALL TIME FAVORITE TOP 5 :
1...COS 'Postaeolian train robbery' 1974 ( Plus record) BELGIQUE
2...The Kenny Clarke/Fancy Bolland big Band "Manbo de las Brujas" 1968 (Prestige) USA
3....Hector Costita "Divagaçao 6/8" 1981 (Som Da Gente) BRESIL
4....Gloster Williams and Master Control " The message" 1979 (LA Record) USA
5....King Sporty & The Roots Rockers " Badoo" 1979 (Konduko) USA
1...K DEF "Back to basics"
2... THE ORIGINAL BLACK SHEEP (OF THE FAMILY) "in the forest"
3....THE RONGETZ FOUNDATION "Brooklyn butterfly session"
4....HYPNOTIC BRASS ENSEMBLE " choice cuts"
5....JULIEN DYNE "Glimpse"
Big up à Betino !
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